Luc Auger

Au moment des troubles de 1837-1838, Luc Auger est un cultivateur de la côte Saint-Joseph dans la paroisse de Saint-Benoît. Étant le fils de Luc Auger et d’Angélique Cousineau, Luc Auger naît à Saint-Eustache, le 15 décembre 1798. Il est baptisé dès le lendemain dans l’église du village. Le 8 juillet 1822, il épouse Madeleine Gourgon à Saint-Benoît. Celle-ci est la fille de Louis Gourgon et de Madeleine Robillard. Au début 1838, le couple a 6 enfants dont l’aîné a 12 ans et le plus jeune un an.

Auger joue un rôle non négligeable dans le soulèvement du comté des Deux-Montagnes en 1837. Dans son examen volontaire daté du 31 janvier 1838 et réalisé devant le juge de paix Benjamin Hart, il avoue avoir participé à plusieurs assemblées patriotes à Saint-Benoît. Puis, vers la fin de novembre 1837, en compagnie de 30 à 40 personnes, Auger est ordonné par les chefs Amury Girod et Jean-Olivier Chénier d’aller « caller les bases » du traversier de Pierre Janvry dit Bélair à la hauteur du Grand-Moulin afin d’interrompre les communications avec l’île Jésus.

Son homonyme aubergiste-tavernier au village nous relate une histoire similaire se déroulant au début décembre 1837, dans sa déposition du 4 décembre. S’apprêtant à traverser la rivière des Mille-Îles, le déposant est intercepté par Luc Auger, à cheval. Ce dernier tenait à lui « parler ». Plusieurs hommes arrivent ensuite sur le bord de la rivière afin de soutenir Auger tout en vociférant au déposant : « Pomme de terre ! » Le groupe, mené par Luc Auger, réussit tout de même à ramener au rivage le dit Bélair pour enfin briser son chaland.

Auger participe de plus à l’expédition sur la mission d’Oka au matin du 30 novembre 1837 sous les ordres des mêmes chefs. Il confirme en ce sens la prise d’une pièce d’artillerie en ce lieu. Il affirme par la suite avoir été obligé de se rendre au camp de Saint-Eustache par le nommé Joseph Guitard, un des bras droits du docteur Chénier. Au village, il avoue avoir gardé des prisonniers dans la maison du député patriote William Henry Scott.

Finalement, au matin du jour fatidique, Girod ordonne à une dizaine d’insurgés, dont Auger, d’aller faire une levée d’armes dans l’île Bizard. Vers 11 h 00, Auger et ses compagnons entendent un premier coup de canon provenant de Saint-Eustache. Voulant traverser à Sainte-Geneviève (Pointe-Claire) sur l’île de Montréal, il est arrêté par le docteur et juge de paix Henry Mount, et ensuite conduit à la prison du Pied-du-Courant, le même jour que les frères Damien et Luc-Hyacinthe Masson.

Luc Auger est donc incarcéré pour haute trahison le 16 décembre 1837 selon le registre de la prison de Montréal. Dans une lettre du notaire Girouard, alors en prison, à l’endroit de son ami Augustin-Norbert Morin en date du 1er avril 1838, Auger critique ouvertement ses conditions de détention. Aux dires de Girouard, Auger « eut le courage de profiter de l’occasion de l’interrogatoire pour peindre à l’Officier de la couronne le déplorable état où le gouvernement laissait les détenus politiques ». En parlant de la propagation des poux à l’intérieur de l’enceinte, il est interrompu par un certain McGillis qui lui dit en riant : « Eh bien ! Vous n’avez rien à faire, amusez-vous à les attraper et mangez-les. »

Auger est néanmoins libéré le 7 ou le 17 juillet 1838 à la suite de l’amnistie générale, moyennant le paiement d’une caution de 1 000 £.

Peu de temps après son élargissement, Luc Auger décède mystérieusement, le 12 octobre 1838. On retrouve son corps dans le chemin de la côte Saint-Joseph où il demeurait. On réalise d’ailleurs une enquête sur son décès, mais nous n’avons de plus amples détails à ce sujet. Il est inhumé le 18 octobre suivant dans le cimetière du village de Saint-Benoît. Sa femme épouse en secondes noces Benjamin Pilon à Saint-Benoît, le 16 février 1841.

Références :

AUBIN, Georges et Nicole Martin-Verenka, Insurrection. Examens volontaires, Tome 1, 1837-1838, Montréal, Lux Éditeur, 2004, p. 72.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 740, examen volontaire de Luc Auger, 31 janvier 1838.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 787, déposition de Pierre Janvry dit Bélair, 4 décembre 1837.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-5, no 3091, Registre de la prison de Montréal en 1837-1838.

Répertoire des Actes de baptêmes, mariages et sépultures (R.A.B.), P.R.D.H.

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