Pierre Danis : un vieux de la vieille

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Né aux alentours de 1777, Pierre Danis est le fils de Pierre Danis et de Véronique Carrière. Cultivateur à Sainte-Scholastique, il se marie à cet endroit le 3 août 1841 avec Osite Charbonneau, fille de Jean-Baptiste Charbonneau et de Josette Labelle.

            Sa participation lors des assemblées patriotes entre 1835 et 1837 est très imposante. Elle débute particulièrement lors d’une imposante assemblée tenue à Saint-Benoît, dans le comté des Deux-Montagnes, le 18 juin 1835[1]. Il fait parti d’un groupe d’hommes nommés sur un comité d’organisation pour la paroisse de Saint-Benoît en compagnie notamment d’Amable Labrosse, Louis Coursolles et Louis Dumouchel. On crée à ce moment l’Union patriotique du comté des Deux-Montagnes. Cette association nationale est destinée à assurer au peuple ne protection militaire, administrative et judiciaire face aux politiques oppressives du gouvernement[2]. Il est par ailleurs le proposeur de la sixième résolution lors d’une autre assemblée à Saint-Benoît le 11 avril 1836. Cette dernière approuve les démarches de la Chambre d’assemblée sur la question des subsides[3].

            La présence de Danis à ces assemblées anticoercitives s’intensifie durant l’année 1837. En effet, il est présent à Sainte-Scholastique lors de la grande assemblée des hommes du nord le 1er juin 1837[4]. Sous la présidence de Jacob Barcelo, l’assemblée adopte neuf résolutions. La troisième de celles-ci est proposée par Danis. Elle traduit en quelque sorte l’idée de la séparation politique et économique entre le Canada et sa mère-patrie si les autorités gouvernementales pigent dans le trésor public et si la Chambre vote les résolutions Russell. On nomme aussi les membres d’un comité permanent pour le comté des Deux-Montagnes. Danis est sélectionné pour la paroisse de Sainte-Scholastique aux côtés des Barcelo, Vallée, Hawley et Dumouchel[5].

            De plus, il participe à la troisième séance du comité permanent du comté lors d’une réunion à Saint-Hermas le 16 juillet 1837[6]. Par contre, son rôle est d’autant plus important lors de la huitième séance du comité à Saint-Benoît le 1er octobre 1837[7]. En tant que président de l’assemblée, il fait la lecture publique des divers journaux. On adopte le principe voulant que les officiers de milice déjà destitués par le gouverneur en chef ou qui le seront par la suite pour cause de patriotisme seront réélus par les miliciens du comté[8]. Lors de l’assemblée tenue dans le rang Saint-Joachim à Sainte-Scholastique le 15 octobre suivant, Danis est confirmé dans ses fonctions de juge de paix et amiable compositeur pour la même paroisse[9]. Finalement, il fait un discours empreint de patriotisme lors de la dixième séance du Comité permanent du comté des Deux-Montagnes tenue à Saint-Benoît le 5 novembre 1837[10]. Il fait mention à l’auditoire du règlement de quelques conflits internes entre certains patriotes des rangs Saint-Étienne et de Saint-Vincent.

            Durant l’été et l’automne 1837, Pierre Danis participe à des raids ou expéditions dans le but d’arrêter certains villageois hostiles aux patriotes[11]. Ainsi, on le voit souvent armé d’un fusil, se promenant  avec d’autres, à la quête d’armes, de partisans et de nourritures[12]. Par ailleurs, d’après une liste des différentes charges ou fonctions pour le camp de Saint-Eustache en décembre 1837 établit par l’abbé Clément Laurin, Danis occupe le poste de juge de la cour martiale[13]. L’hypothèse est confirmée par l’historien Aegidius Fauteux qui affirme qu’il a jugé un loyaliste prisonnier des rebelles[14].

            Toutefois, Danis ne participe pas directement au conflit armé de Saint-Eustache à la fin de 1837. On peut considérer Pierre Danis comme étant un des vieux réformistes de la région de Deux-Montagnes dans la trempe des Berthelot, Dumouchel, Raizenne, Féré, Labrie et d’autres. D’après les notes de Girouard, Danis est forcé de fuir le pays afin de se cacher dans les villes frontalières américaines, telles Swanton, St. Albans, Albany, Middlebury, Plattsburgh, pour se soustraire aux persécutions des autorités[15]. Malheureusement, suite au passage des troupes du colonel John Maitland dans les divers villages dissidents du comté, ses propriétés sont brûlées et pillées, comme celle de tous les chefs rebelles de la région[16].

            La thèse voulant qu’il se soit réfugié dans les environs de Plattsburgh est confirmée par les écrits d’Amédée Papineau. En effet, dans son Journal d’un Fils de la Liberté, le fils aîné du grand tribun mentionne qu’il est rejoint le 31 décembre 1837 par les De Lorimier, les Danis et Joseph L. Beaudry[17]. De plus, selon une liste des « réfugiés du Nord » établit par Papineau le 22 janvier 1838, il est question de « trois Danis, cultivateur[18] ».

Puis, en 1852, la Commission des Pertes rejette une réclamation des héritiers de Pierre Danis de Saint-Jérôme pour effets brûlés et pillés pour un total de £103 et 8 sols, et ce parce que le dit Danis est considéré comme un des chefs au camp de Saint-Eustache.

Références :

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 680, déposition Joseph Duquette contre Joseph Doré, Célestin Guindon, François Guérin, Joseph Robillard, Antoine Proulx, Pierre Danis, Magloire Guindon, François-Xavier Grignon, Jacques Dubeau, 31 décembre 1837.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 747, déposition de Thomas Lagarde dit Saint-Jean contre Jacques Dubeau, Pierre Danis, Magloire Guindon, Isaïe Foisy, Antoine Guérin, Célestin Guindon, François-Xavier Grignon, 30 décembre 1837.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 748, déposition de Charles Moran contre les mêmes précédents, 30 décembre 1837.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 818, déposition de Michel Rochon contre Jacob Barcelo, Hyacinthe Drouin et plusieurs autres, 14 février 1838.

BERNARD, Jean-Paul, Les Rébellions de 1837-1838. Montréal, Boréal Express, 1983, 350 p.

DUBOIS, abbé Émile, Le feu de la Rivière du Chêne. Étude historique sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal, Saint-Jérôme, J.-H.-A. Labelle, 1937.

FAUTEUX, Aegidius, Les Patriotes de 1837-1838, Montréal, Éditions des Dix, 1950.

La Minerve, 5 juin 1837, 20 juillet 1837, 9 octobre 1837, 16 octobre 1837, 16 novembre 1837.

LAURIN, Clément, « Administration parallèle du comté de Deux-Montagnes par les Patriotes en 1837 », Cahiers d’histoire de Deux-Montagnes, vol. 5, no 2, octobre 1982, p. 25 à 28.

Le Canadien, 6 juillet 1835 et 18 avril 1836.

Le Libéral, 20 octobre 1837.

Le Populaire, 10 et 20 octobre 1837.

LINTEAU, Paul-André, « Les Patriotes de 1837-1838 d’après les documents de J.-J. Girouard », R.H.A.F., 21, 2 (sept. 1967), p. 281-311.

PAPINEAU, Amédée, Journal d’un Fils de la Liberté 1838-1855, Sillery, Septentrion, texte établi avec introduction et notes par Georges Aubin, 1998.

SÉGUIN, Robert-Lionel, Le mouvement insurrectionnel dans la Presqu’île de Vaudreuil 1837-1838, Montréal, Librairie Ducharme Ltée, 1955.

The Vindicator, 1er avril 1836, 15 avril 1836.



[1] Le Canadien, 6 juillet 1835.

[2] Ibid.

[3] The Vindicator, 15 avril 1836.

[4] La Minerve, 5 juin 1837.

[5] Ibid.

[6] La Minerve, 20 juillet 1837.

[7] La Minerve, 9 octobre 1837.

[8] Ibid.

[9] La Minerve, 16 octobre 1837.

[10] La Minerve, 16 novembre 1837.

[11] BAnQ, Évén., op. cit., no 680, déposition de Joseph Duquette, 31 décembre 1837.

[12] Ibid., no 747, déposition de Thomas Lagarde dit Saint-Jean, 30 décembre 1837 ; et no 748, déposition de Charles Moran, 30 décembre 1837.

[13] LAURIN, 1982, op. cit., p. 28.

[14] FAUTEUX, op. cit., p. 194.

[15] LINTEAU, Paul-André, « Les Patriotes de 1837-1838 d’après les documents de J.-J. Girouard », R.H.A.F., 21, 2 (septembre 1967), p. 302.

[16] DUBOIS, op. cit., p. 202.

[17] PAPINEAU, Journal d’un Fils de la Liberté 1838-1855, op. cit., édition 1998, p. 127-128.

[18] Ibid., p. 134.

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