Acte de vandalisme à Grenville

Voici une autre de ces histoires plus ou moins en lien avec les événements politiques qui nous intéressent, mais qui se déroule à la même époque. Cette semaine, nous vous relatons l’histoire d’un acte de vandalisme perpétré en 1838 dans le canton de Grenville, dans l’ouest du comté des Deux-Montagnes.

C’est d’abord le témoignage de John MacInnis (le réclamant dans cette affaire), aubergiste-tavernier de Grenville, réalisé le 2 juillet de 1838, qui nous renseigne sur l’événement. Il affirme que le samedi 30 juin dernier, un peu après 22h30, les nommés James Grier, Thomas Laughran, John Bird et Joseph Berry (ce dernier étant un des servants à la taverne de Ralph Lowes), seraient venus chez le déposant afin de l’inviter à sortir de sa demeure afin de venir se battre à l’extérieur. Le groupe aurait alors investi la maison du déposant en commençant d’abord par enfoncer la porte principale, puis quatre fenêtres, et renversant et brisant un des barils de boissons alcoolisées causant par le fait même la perte d’environ 10 gallons de précieux spiritueux.

Il affirme en outre que quelques heures plus tôt, la même journée, il aurait eu un petit accrochage avec le dit Ralph Lowes, propriétaire de l’autre auberge de l’endroit. Il appert selon lui que la rivalité entre les deux hôteliers devenait intenable. La venue d’un groupe de « fiers à bras », dont l’un est au service de ce même Lowes, ne surprend donc pas le dit déposant. Dans les circonstances, John MacInnis demande que justice soit rendu et qu’en conséquence, Ralph Lowes, tout comme ses hommes, soit traîné devant la justice pour les actes de vandalisme perpétrés à son domicile. Les documents nous renseignent davantage à ce sujet. À savoir que les partis concernés sont ensuite arrêtés à l’exception dudit Thomas Laughran qui était absent lors du passage des constables.

Quelques témoignages viennent ensuite appuyer les propos dudit déposant. D’abord, un nommé Dugald MacVean confirme avoir vu entré chez le déposant les nommés Bird, Grier, Laughran et Berry qui auraient arrangué ce dernier en lui demandant de sortir de sa maison afin de venir les affronter. Constatant le refus de celui-ci, les brigands auraient alors brisé la porte et quelques fenêtres. Ce dernier affirme aussi avoir aperçu le même soir, plus tôt, les nommés James et Ralph Lowes en train de tabasser un nommé Colin MacRae. S’interposant, il parvint tout de même à les séparer, mais non sans problème puisque Ralph Lowes lui aurait alors répliquer qu’avant le levé du jour, il aurait sa revanche. Il aurait aussi été témoin de propos désobligeants à l’endroit de MacInnis et de MacVean; Lowes les traitant de « damned Scottish Bugger ».

Un autre témoin, Emily King, épouse de Ralph Lowes, affirme quant à elle qu’elle n’était point présente au début des altercations. Elle aurait cependant vu Colin MacRae battre Joseph Berry.

La même journée, les nommés Ralph Lowes, aubergiste-tavernier et William MacMillan, cultivateur, tous deux de Grenville, sont aussi invités à témoigner dans cette affaire devant Charles Grece et Edwin Pridham, tous deux nouvellement nommés juges de paix à la suite de la destitution massive des juges de paix patriotes. Les deux hommes sont finalement condamnés à verser chacun une amende provisoire de £25. Ils doivent aussi se présenter à la cour criminelle de Montréal entre le 25 août et le 10 septembre 1838 afin qu’une décision finale soit rendue dans l’affaire du vandalisme de la propriété de John MacInnis en date du 30 juin 1838.

John MacInnis ainsi qu’un certain David Williamson sont eux aussi condamnés à verser £25 aux deux juges de paix en rapport à un assaut sur les messieurs Lowes et Grier.

Par la suite, nous savons que le juge de paix Edwin Pridham envoie lesdites dépositions au constable Benjamin Delisle le 9 juillet suivant afin que les autorités principales soient mises au courant de l’affaire.

RÉFÉRENCE

BAnQ, Fonds du banc du roi/de la reine du district de Montréal, TL19, S1, SS62, D362, 14 février 1839, 2 juillet 1838.

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