La chronique de Jonathan – 19

Saviez-vous que…

L’Orchestre symphonique de Montréal a déjà collaboré à la réalisation d’un film de théâtre de marionnettes basé sur le récit de Don Quichotte ? En effet, Rhombus Media, une maison de production fondée en 1979 au York University Film Department, avec à sa tête le producteur Niv Fichman et la réalisatrice Barbara Willis Sweete, est chargée de réaliser un tournage d’une durée de 28 minutes en collaboration avec l’OSM ; le tout diffusé sur les ondes de Radio-Canada. L’opéra s’intitule Le retable de maître Pierre ou Les tréteaux de maître Pierre (en anglais : Master Peter’s Puppet Show, ou en version original espagnol : El retablo de maese Pedro).

Cet opéra de taille réduite, ou intermezzo, tire son inspiration du chef-d’œuvre de Miguel de Cervantes, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (1605-1615). Il est composé par Manuel de Falla (1876-1946) l’un des grands compositeurs espagnols du XXe siècle. De Falla compose celui-ci en 1923 à la demande de Winnaretta Singer, princesse Edmond de Polignac, une grande protectrice des arts en France, qui avait commandé une œuvre destinée à son théâtre de marionnettes chez elle à Paris. D’abord présenté en version de concert à Séville le 23 mars 1923, il est ensuite joué en orchestre de chambre d’une vingtaine de musiciens pour la première fois à Paris le 25 juin suivant.

L’opéra relate l’histoire de Don Quichotte, assistant à un spectacle de marionnettes dirigé par maître Pierre. Seulement, Don Quichotte, croyant apercevoir dans les marionnettes de vrais chevaliers, se précipite sur le théâtre et saccage de son épée le montage de maître Pierre qui est inconsolable.

La date précise du tournage à l’église de Saint-Eustache nous est toujours inconnue, mais il semble que le tout a été enregistré en 1990. L’OSM, alors dirigé par Charles Dutoit, est mis en évidence dans l’église que l’on reconnaît très bien. Les trois interprètes sont Justino Díaz, baryton-basse (Don Quichotte) ; Joan Cabero, ténor (Maître Pierre) ; et Xavier Cabero, soprano garçon (Trujamán, narrateur), aussi fils du précédent. Cette œuvre, l’une des préférée du maestro encore aujourd’hui et, pour plusieurs, parmi les chefs-d’œuvre de la musique moderne, décrit plusieurs niveaux de mise en scène, les unes dans les autres. De Falla maîtrise parfaitement les sonorités instrumentales de son orchestration. Ainsi, le public a l’impression d’entendre un vaste orchestre alors qu’il ne s’agit que d’un orchestre de chambre. L’œuvre est aussi caractérisée par le choix judicieux du clavecin qui, par son compositeur, retrouve une place de choix dans l’ère des compositions modernes.