Un incendie à Saint-Colomban en 1837

Notre chronique se veut évidemment le reflet des événements politiques qui se déroulent en 1837-1838, principalement au Québec. Toutefois, nous tenons à l’occasion à dresser un portrait événementiel du Québec durant ces années tumultueuses. C’est un peu dans cet état d’esprit que nous avons réalisé quelques recherches au sein du principal journal réformiste de l’époque – La Minerve – afin d’y dénicher des nouvelles inusités ou des faits divers propres au comté des Deux-Montagnes.

C’est donc tout à fait par hasard que nous sommes tombés sur la manchette suivante : au début de l’année 1837 a lieu l’incendie du presbytère de Saint-Colomban dans le comté des Deux-Montagnes.

La paroisse de Saint-Colomban est officiellement créée en 1835. Elle se trouve dans le comté des Deux-Montagnes et dans l’Augmentation de la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes. Principalement composée d’Irlandais catholique, celle-ci voit sa population croître surtout à partir du début des années 1820.

La jeune paroisse est aussi fortement mobilisée du côté patriote entre 1834 et 1837. En fait, « une religion commune et l’amertume due au sous-développement chronique de leur localité peuvent expliquer cette adhésion » au mouvement patriote. On y retrouvera plusieurs leaders importants, tous participent à un grand nombre d’assemblées publiques. Ce sont entre autres John Phelan, cultivateur, marchand et même aubergiste, Daniel Phelan, probablement le plus important propriétaire foncier de la région, John Ryan, un maître-d’école, et Patrick Purcell. Ces gens organisent notamment une assemblée à Saint-Colomban le 19 juillet 1835 lors de laquelle ils forment la Reform Association des habitants de Saint-Colomban et ce, conformément au vœu émis par l’exécutif du Comité central et permanent du district de Montréal.

Tous ces paroissiens viendront vraisemblablement en aide au curé Étienne Blyth qui voit son presbytère en proie aux flammes au début de l’année 1837. C’est La Minerve du 19 janvier 1837 qui nous relate l’ « Incendie du presbytère de Saint-Colomban » :

On a eu l’obligeance de nous communiquer quelques détails sur cet accident arrivé dans la nuit de samedi dernier [le 15 janvier 1837]. Saint-Colomban est une nouvelle paroisse, située derrière Saint-Benoît dans le comté du Lac des Deux-Montagnes et desservie depuis quelque temps par le révérend messire Blyth. Le presbytère était un édifice en bois à deux étages, de 20 pieds carré. Messire Blyth était couché dans l’étage supérieure et profondément endormi, ainsi que son père et sa mère qui logent avec lui, lorsque le domestique donna l’alarme; tout l’étage d’en bas était alors en feu. La servante courut chez les voisins qui arrivèrent bientôt en foule, mais en vain, il fut impossible d’arrêter les progrès de l’incendie ni de rien sauver. Ce n’est qu’avec beaucoup de peine que monsieur et madame Blyth, personnes âgées, purent se soustraire aux flammes. Madame Blyth eut même le malheur de se brûler le bras ; le danger était si pressant que tous se sauvèrent sans avoir le temps de s’habiller et pieds nus. Le feu ayant pris origine dans l’étage inférieure où couchait la servante, il est à présumer que l’accident est du à sa négligence. Rien n’était assuré.

Ainsi, au moment où le comté des Deux-Montagnes se radicalise à l’été 1837, la paroisse irlandaise, durement affectée plus tôt la même année, ne franchit pas la ligne mince qui sépare les revendications politiques de la résistance armée. Seul le frère du curé Blyth, William Blyth, peintre de Saint-Jérôme, est directement impliqué dans sa propre paroisse aux côtés de quelques membres de la famille Longpré. Ce dernier est d’ailleurs incarcéré à la prison du Pied-du-Courant à Montréal le 8 février 1838. En ce qui a trait à son frère, le curé Blyth, on ne peut prouver son implication politique, ou du moins, une quelconque sympathie pour ses paroissiens « rebelles ».

Références :

La Minerve, 19 janvier 1837.

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