Un duel canadien en Angleterre

Ce récit a été tiré de l’ouvrage Le duel au Canada d’Aegidius Fauteux. Il met en scène nul autre que John Arthur Roebuck, représentant de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada en Angleterre qui, à plus d’une reprise, ne manque pas d’exposer ses prouesses lors de duels.

En 1835, ce dernier aurait qualifié la conduite de l’éditeur du Morning Chronicle, Dr Black, de « basse et tout à fait disgracieuse ». Black fut alors froissé de la chose et réclama des excuses publiques. M. Samuel Revans, second de Roebuck, fut chargé de porter la déclaration suivante à son adversaire : « M. Roebuck n’a jamais voulu dire que M. Black était un lâche, mais il a simplement pensé que s’il ne se battait pas avec M. Goldsmid, c’était parce qu’il était « un philosophe » ; c’est tout ce qu’il est prêt à admettre. » Outré, Black considérait cette déclaration comme une pire insulte. Il insista dès lors pour qu’un duel ai lieu dans les plus brefs délais. Le lieu et le moment exacts nous sont encore inconnus aujourd’hui.

Pour cet affrontement, Roebuck était accompagné de Samuel Revans, tandis que Black était secondé par Simon McGillivray, propriétaire du Morning Chronicle, et ancien dirigeants de la Compagnie du Nord-Ouest avec son frère William.

Dès le premier coup de feu, Roebuck fut touché par la balle. Il tira immédiatement en l’air et s’avança vers son adversaire en lui expliquant grossièrement qu’il n’avait jamais voulu lui imputer un acte de lâcheté, mais qu’il maintenait son droit de juger l’acte public d’un homme public. À cela, M. McGillivray exigea que M. Roebuck retire ses qualificatifs de « bas et disgracieux » et ce, sans que sa réputation n’en soit déshonorée. Roebuck refusa de se rétracter tant et si bien que le combat se poursuivit.

Roebuck alla donc se replacer et deux autres coups de feu furent tirés, mais sans résultat. La suite des événements demeurent dans la légende puisque certains affirment qu’après le tire de Black, Roebuck tira une seconde fois en l’air tandis que d’autres croient que la deuxième décharge fut simultanée.

Une vive discussion anima ensuite les deux individus et leurs assistants. M. Roebuck demeura sur sa position en affirmant clairement qu’il avait « le droit de dire à un homme public que sa conduite a été basse et disgracieuse lorsqu’il le pense, et que personne ne l’en empêchera ». Le second du Dr Black, M. McGillivray, décida alors de ne pas pousser l’affaire plus loin et chacun s’en retourna de son côté.

 

Références :

FAUTEUX, Aegidius, Le duel au Canada, Les éditions du Zodiaque, 1934.

STEINMETZ, Alexander, The Romance of Duelling, 1868.

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