Un cheval maltraité en 1838

Voici une autre de ces histoires banales, oserions-nous dire, que nous avons dénichée dans les archives judiciaires du district de Montréal. Cet événement ne concerne nullement les troubles politiques qui nous intéressent de prime abord. Cependant, l’un des personnages principaux, le réclamant en l’occurrence, un certain Robert McVicar, joua un rôle de premier plan au sein de la mobilisation loyale de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes.

Le récit dont il est question cette fois relate l’histoire d’un cheval qui fut maltraité en 1838. C’est le notable de la seigneurie d’Argenteuil (comté des Deux-Montagnes), Robert McVicar, un vétéran de la Compagnie de la Baie d’Hudson et des expéditions arctiques de John Franklin, qui réalise deux dépositions à ce sujet : l’une à Saint-André le 14 janvier 1839, devant le juge de paix William George Blanchard, et l’autre à Montréal, en date du 19 février 1839, devant le juge de paix Pierre-Édouard Leclère.

Le 1er décembre 1838, le déposant McVicar aurait donné à un nommé John Dennison, à la tête d’une compagnie de « Sedentary Volunteers » de Lachute, un superbe cheval âgé de quatre ans, au poil brun, à la queue noire, d’une valeur approximative de £40.  Au matin du 5 décembre suivant, McVicar affirme qu’un de ses serviteurs, Hugh McEachern, lui aurait dit : « qu’il aurait aperçu le jeune cheval en question baignant littéralement dans son sang ». McEachern aurait alors pris l’initiative de le libérer afin d’alléger ses souffrances.

McVicar affirme en outre que l’animal a été « cruellement battu et abusé ». Il affirme de plus que Dennison, l’accusé, avait comme dessein malveillant de faire bouillir de l’eau pour ensuite lui verser le tout dans les oreilles.

Bref, le serviteur en question ramena par la suite le dit cheval chez lui. Quelques instants plus tard, l’accusé vint chez ce dernier afin de l’argumenter et de le provoquer. Il aurait en outre affirmé l’avoir poignarder à la gorge avec un couteau ! Plus tard, un nommé John Grant aurait ramené le cheval à son propriétaire initial.

Il peut paraître étrange que les deux individus en cause dans cette affaire, c’est-à-dire Robert McVicar et John Dennison, soient pourtant unis dans en 1837, dans leur lutte les opposant aux patriotes. En effet, il faut savoir que McVicar est sans nul doute l’un des principaux leaders constitutionnels dans l’ouest du comté des Deux-Montagnes (Argenteuil). Pour sa part, Dennison participe, tout comme McVicar, à une importante assemblée loyale à Lachute, le 28 novembre 1837, lors de laquelle il est nommé capitaine d’une « Association mutuelle » chargée de veiller à la protection et au support des familles constitutionnelles de la région d’Argenteuil.

Référence :

BAnQ, Fonds du banc du roi/de la reine du district de Montréal, TL19, S1, SS62, D98, 14 février 1839, 19 février 1839.

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